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L’avenir de l’Euro

J’ai échangé ces derniers jours avec ma fille Marie-Noëlle (MN) plusieurs emails. Avec son accord, je les reprends ci-dessous.

Le samedi 3 décembre: MN :

Cher papa,

Quand tu as le temps, j’aimerais bien avoir ton avis sur cet article:http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2016/12/02/31002-20161202ARTFIG00248-jacques-sapir-le-referendum-en-italie-peut-provoquer-l-implosion-de-l->Merci d’avance et bon dimanche.

Note de Pierre (P) : si le lien ne fonctionne pas vous pouvez taper sur GOOGLE Le Figaro Jaques Sapir Euro.

 

Le 5/12  P

En 1978, j’ai écrit pour Intermédiaire (c’est évidemment moins prestigieux que le figaro, mais c’était le périodique des universitaires et des cadres) une réflexion sur la future monnaie européenne, en deux articles, comme Jacques Sapir. J’y montrais que l’histoire des unions monétaires montrait une constante. Je tiens l’article à ta disposition.

Les seules unions monétaires durables sont de deux types: coloniales et impériales, par exemple le franc CFA en Afrique regroupant les colonies françaises, ou créées par une puissance tutélaire, par exemple l’union monétaire belgo-luxembourgeoise.

Je démontre dans cet article que le groupe de type colonial comporte un membre dirigeant indiscuté qui impose sa discipline en acceptant que les autres lient leur devise commune à celle du membre dirigeant, mais les deux devises restent différentes, pour que le membre dirigeant ne puisse voir sa devise malmenée à cause de comportements irresponsables des colonies. Le second type est théoriquement constitué de partenaires égaux, mais est en réalité totalement inféodé à la puissance tutélaire. Les politiques sociales, économiques, financières, militaires et étrangères doivent être liées fortement. La monnaie est commune.

Depuis des dizaines d’années, j’affirme que l’Union Economique Européenne est le plus grand gaspillage jamais créé par l’homo sapiens ! Car ses tenants 6, puis 10 … et maintenant 28 dont un est partant, voulaient une union d’égaux, chacun ayant la capacité de bloquer tous les autres: souviens-toi que la Wallonie (3 millions de wallons sur plus de 300 millions d’européens) a tenu le CETA en échec pendant deux semaines ! L’UE est donc bien un ramassis d’égaux avec des politiques sociales, économiques, financières, militaires et étrangères largement divergentes, et parfois totalement inconciliables. Ce n’est pas viable et je me réjouirais si l’Union monétaire pouvait s’effondrer et que le BENELUX se reconstituait et s’arrimait solidement à l’Allemagne comme au bon vieux temps !

En 2000, j’ai participé à un colloque où Georges Jacobs (président de UCB à l’époque) faisait le dithyrambe de l’UE et de l’Euro. J’ai osé lui demander s’il avait un plan B au cas où l’Euro disparaîtrait. Tout le monde m’a regardé comme un extraterrestre déconnecté. Et il a ironisé sur ma question pour faire rire l’audience. Ce qu’il a réussi parfaitement !

L’essentiel de ce que décrit Jacques Sapir est possible. Et quand je dis l’essentiel, c’est ce qui précède. Les détails infiniment précis de son argumentation décrivent l’avenir comme le ferait un ingénieur dans son domaine d’activité. C’est ridicule pour un économiste. Nous savons tous que les mêmes hypothèses de base en économie et en politique étrangère peuvent donner des résultats fort différents suivant l’époque et les circonstances du moment. Pas de science exacte dans ces domaines. C’est comme le papillon qui bat des ailes à Tokyo qui peut provoquer aussi bien une tempête à Paris qu’un zéphire langoureux. On peut toujours tout expliquer par après, mais ne rien prévoir correctement !

Comme Renzi a démissionné ce matin, nous pourrons vérifier tout de suite ses prédictions. En fait, Renzi a mis sa démission en suspens. Mais le référendum a refusé la politique qu’il proposait. Jacques Sapir prévoyait en conséquence le chaos. Le résultat, en tous cas pour le moment, est une envolée enthousiaste de plusieurs % de toutes les bourses européennes !

 

Le 5/12 MN :

Merci beaucoup!

Mais si ce que Jacques Sapir écrit est correct, est-ce que ça veut réellement dire qu’Angela Merkel, quand elle se plaint que l’Allemagne doive payer pour les pays du Sud, n’est pas honnête car la monnaie unique aurait pour l’Allemagne l’effet favorable d’une monnaie sous-évaluée?

Et penses-tu que Fillon soit capable de changer son fusil d’épaule et de renoncer à l’euro? Ou les Français qui souhaitent cette sortie devront-ils résolument voter Le Pen ou Mélenchon?

Un immense merci, et bonne soirée.

Le 7/12 P :

Résumons la situation.

Depuis la fin de la guerre de 1940, l’Allemagne veut se faire pardonner les deux guerres mondiales. « Plus jamais cela » a été le leit motiv constant à la base de la CECA, de la première communauté à 6 et de tous les élargissements qui ont suivi. L’Allemagne a toujours payé pour les pays du Sud ! Ce n’est pas de sa faute si son économie mériterait une monnaie plus forte que l’Euro. Il est vrai que de ce fait, elle vend plus facilement sur le marché mondial car en plus ses produits sont meilleurs. Mais en contrepartie, elle achète ses matières premières (pétrole etc.) plus cher. Pendant ce temps-là, les pays du Sud empruntent des milliards d’Euros avec un taux d’intérêt bien plus faible que ce qu’ils devraient payer en monnaie nationale et quand ils ne savent pas rembourser car ils ont longtemps remis de faux bilans, c’est encore l’Allemagne qui casque. Je suis convaincu que l’Allemagne serait encore bien plus riche qu’elle ne l’est maintenant, si depuis soixante ans elle n’avait pas joué « profil bas » pour se faire pardonner. C’est pourquoi j’appelle de tous mes vœux la disparition de l’Euro, et de l’union européenne sous sa forme tatillonne, vaniteuse, verbeuse et dispendieuse actuelle, et le rattachement d’un nouveau franc belge (sévèrement surveillé par la Bundesbank) à la zone deutsche mark.

En ce qui concerne Fillon il me semble que son programme est tout à fait incompatible avec les exigences actuelles de l’Union européenne (UE), insupportables pour une majorité de pays membres de l’UE. Mais ce n’est pas avant plusieurs mois qu’il sera président de la république française ! Et plusieurs membres de la Commission sont taraudés de doutes. Soit, c’est elle qui change son fusil d’épaules, soit elle explose. Comme tu peux le comprendre de ce qui précède, je le souhaite si les pratiques de l’UE ne peuvent pas être fondamentalement transformées. Quelle économie de temps et d’argent pour tous les européens !

L’UE était condamnée dès sa naissance, car elle ne respectait aucun des deux schémas que je décris plus haut, colonial ou tutélaire. Tout le monde le savait. Et si les politiciens du moment ont justifié l’Euro, mais qui s’en souvient, c’est par le pauvre argument suivant : nous sommes bloqués, mais nous allons donner un formidable élan à l’Europe en lui « donnant » une monnaie unique. C’était la première pièce de son cercueil ! Mais comme Georges Jacobs, personne ne voulait l’entendre.

 

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La CSC et l’indexation des salaires.

La Libre du 29 octobre 2014, publie un article signé L.G. et intitulé Combien le saut d’index vous coûtera d’ici la fin de votre carrière ? Cet article semble destiné à défendre le point de vue de la CSC.

Nous disposons par cet article d’un exemple de calcul. Selon L.G. pour un travailleur à temps plein, touchant un salaire brut moyen mensuel de 3.258 €, la perte annuelle est de 907 € brut. Et sur une carrière complète (45 ans), la perte est de 40.000 € brut. Je suppose que ce dernier montant est le résultat approximatif de la multiplication de 907 par 45, qui donne 45 *907=40.815. Comme L.G. nous signale en bas de page qu’il est impossible de calculer l’impact moyen sur le salaire net, je suppose que la formule de calcul de la CSC est de multiplier par le nombre d’années le résultat mensuel calculé aujourd’hui. Si mon hypothèse est fausse, tout ce qui suit est vain. Mais alors j’accuse la CSC de nous poser un jeu de devinette qui n’amuse pas, et je lui demande de préciser.

L’actualisation du coût.

Un économiste sérieux et non engagé à sortir des chiffres volontairement choquants, n’additionnerait jamais des montants financiers sur une telle durée sans les actualiser. Les actualiser cela veut dire leur donner à tous une valeur comparable. Perdre 907 € en 2014 est tout à fait différent de perdre 907 € 45 ans plus tard, en 2059. Les additionner revient à calculer le poids moyen des individus d’un troupeau d’éléphants et de souris ! Avec un taux d’actualisation moyen annuel sur 45 ans de 4 % les 907 € de 2059 représentent aujourd’hui le montant de 155,27 €. Oublions donc ce calcul orienté de la CSC.

Formation d’un salaire individuel.

Le salaire de chaque individu dépend principalement de ce que son employeur peut lui payer, a intérêt à lui payer et ce que le marché du travail lui impose. Ce n’est pas tout à fait vrai pour l’administration publique. Mais je vous rappelle que les fonctinnaires grecs n’ont pas été payés pendant des mois et que leur salaire a été raboté sérieusement par après. La CSC peut bien entendu critiquer le comportement du marché du travail, mais c’est depuis que l’homo est sapiens, ce qu’on a trouvé de moins mauvais !

La CSC veut faire comme si on pouvait continuer comme avant. Puis-je lui rappeler ne fût-ce qu’un exemple, que j’ai vécu il y a près de 30 ans. Et je prends volontairement un exemple ancien pour ne pas raviver le souvenir des multiples drames du même genre qui se sont produits ces dernières années.

A l’époque, la Générale de Belgique était une institution mondialement respectée. Jamais, elle n’avait laissé tomber une de ses filiales en faillite. Je ne veux pas être soupçonné de partialité en racontant la stupide histoire arrivée en 1986 à Cuivre et ZINC. Je vous donne donc la version de Wikipédia :

La S.A. des Usines à Cuivre et à Zinc de Liège ou Cuivre et Zinc était une société liégeoise issue de la fusion des usines Francotte, Chaudoir et Pirlot, en 1882 active dans la transformation du cuivre et du zinc. Cuivre et Zinc fut l’un des fleurons de l’industrie métallurgique liégeoise. La société est mise en liquidation en juin 1992 des suites d’une grève au finish qui dure six mois, lancée le 26 septembre 1986 par la Fédération générale du travail de Belgique (FGTB) et la Confédération des syndicats chrétiens (CSC).

Les exigences syndicales en front commun étaient basées sur l’expérience que jamais La Générale n’avait laissé tomber une filiale en faillite. Et les syndicats ne manquaient pas de le répéter à tous vents. Mais même la puissante Générale ne pouvait supporter qu’une de ses filiales importante soit un boulet financier.

La CSC qualifie de typiquement belge le système légal actuel d’indexation des salaires, et semble s’en féliciter sans se demander en quoi les belges seraient justifiés d’être parmi les rares à encore en profiter dans le monde.

Y a-t-il encore un seul travailleur du secteur privé qui s’imagine à 30 ans qu’il est pour le restant de sa vie professionnelle chez le même employeur sans modification de statut et avec la garantie de l’indexation ?

Bien sûr que non : il changera de travail, il changera d’employeur, les conventions collectives seront modifiées, la monnaie dans laquelle il est payé changera, la législation sociale sera modifiée, les modifications de conjoncture sur trente ans auront accéléré ou réduit la capacité de ses employeurs d’accorder des augmentations de salaire etc.

Bref, les sept ou huit dernières lignes du tableau ci-dessous produit par la CSC sont de la logorrhée. Si ses membres s’y laissent prendre, nous aurons encore quelques histoires Cuivre et Zinc à porter au débit de la CSC.

 IndexetCSC

Réponse à Marc Tihon.

Mon Cher Marc,

Merci pour tes questions que beaucoup se sont certainement posées à la lecture de mon article précédent.

L’inflation est comme la langue d’Esope. Elle peut être considérée comme vertueuse quand elle est modérée, 1 à 2 %, et désastreuse quand elle est négative ou élevée.
Voyons le premier cas, elle est négative, cela s’appelle la déflation. Ce que tu achètes aujourd’hui, tu sais que tu le payera moins cher si tu l’achètes demain. Que fais-tu ? Tu attends demain ! Et demain, tu attends après-demain. L’économie de marché se bloque, les entreprises freinent leurs investissements et même leur production: c’est la crise. Théoriquement nous en sommes bien près en Europe et tout le monde fait semblant d’en paniquer. Comme je l’expliqe à la fin de mon article précédent, tous les européens savent bien que le coût de la vie ne cesse d’augmenter ! Depuis plus de vingt ans, l’insouciance, l’inconséquence et l’incompétence de nos dirigeants politiques, et des administrations de contrôle dont ils sont responsables, ont laissé librement se développer les stratagèmes mortels de quelques oligarchies financières qui ont développé à leur profit un seigneuriage d’un autre temps. Le seigneuriage des pouvoirs publics n’a d’ailleurs rien à leur envier: Monsieur Magnette vient de découvrir à Charleroi une administration de 43 personnes (combien de directeurs, on ne l’a pas divulgué !) dont personne ne peut dire à quoi ses membres ont jamais été occupés ! Et dont le coût ne cesse d’augmenter par nature même.

En exemple de très haute inflation, je vais te raconter brièvement la grande inflation allemande de 1920. Elle est la cause directe de l’arrivée d’Hitler au pouvoir dictatorial.
L’Allemagne se trouve avec une dette énorme vis-à-vis des alliés du fait des énormes dommages de guerre auxquels elle a été condamnée par ces derniers, de façon tout à fait déraisonnable. Politique revancharde, Clémenceau affirme « le Boche doit payer » !
Mais l’Allemagne est incapable de payer. Elle ne peut même pas assurer à ses habitants ce que nous appellerions maintenant le minimum vital. En cause une gestion désastreuse et l’énorme dette dont elle doit assurer le service.
Le gouvernement allemand ne trouve de solution que dans le système « Philippe Le Bel ». Ce Roi de France ne doit sa renommée qu’au fait qu’il fut le premier à avoir appliqué à grande échelle l’émission de « monnaie de singe » ce que l’on décrit aussi comme « faire tourner la planche à billets ».
L’émission de billets, sans augmentation de la production de marchandises, provoque un pouvoir d’achat supplémentaire au seul profit du seigneur, et un déséquilibre monétaire qui ne peut se résorber que par une augmentation des prix: c’est l’inflation, qui est donc une conséquence directe de ce « seigneuriage ». C’est un abus, comme celui de la défloration privilégiée des pucelles, mais, contrairement à celui-ci, il appauvrit l’ensemble des manants, c-à-d plus de 99% de la population.
L’application effrénée du « système Le Bel » par la République de Weimar entre 1913 et 1923 a divisé le pouvoir d’achat du mark par le diviseur effroyable de 750 milliards ! Fais sur Google une recherche sur « inflation allemande – 1920 », et tu verras la description d’une société gangrénée par des révoltes sanglantes, des attentats effroyables et plongée dans un désespoir sans issue.
Hitler, promettant d’y mettre bon ordre (et il l’a fait, mais à quel prix !), est apparu comme un messie à la toute grande majorité des allemands. Sa dictature paraissait la seule solution. Et qui peut dire qu’elle ne l’était pas ?
Aujourd’hui, les stratagèmes des oligarchies financières occidentales à qui les pouvoirs publics ont laissé la bride sur le cou provoquent, toutes proportions gardée quand même, le mécontentement général de la population et sa défiance bien justifiée. Mais est-il encore possible d’y remédier ?
Cela m’amène à ta seconde question.
Le tsunami est une vague énorme créée en haute mer par l’effondrement d’une montagne marine ou sous-marine, par le glissement brusque et de grande ampleur d’une plaque tectonique sous une autre ou par une éruption volcanique sous-marine. Quand la vague a désolé d’énormes territoires, elle se retire. Le tsunami de quatre trillons de $ est du même acabit. Il s’agit d’un accident monétaire provoqué par les oligarques financiers avec la bienveillance nonchalante des pouvoirs publics. Et comme le tsunami en retraite, il va découvrir des terres désolées. La monnaie de singe ne représente rien. Elle n’a rien coûté à personne et elle ne vaut rien. Il est hors de question que ces quatre trillion de $ refluent vers un autre pan de l’économie: ils ne sont rien. Je pense que cette monnaie de singe disparaîtra comme l’eau d’un tsunami, dans la reprise inévitable du cycle de Kondratiev sur Wall Street. Mais cela va faire des pleurs et de grincements dents ! Comme la suite d’un tsunami.
Pourquoi l’inflation modérée est-elle vertueuse ? L’inflation par nature même est un état instable. Si elle s’approche trop de 0, elle risque la déflation. A éviter prudemment ! D’un autre côté, elle grignote lentement le poids des dettes et est favorable aux entrepreneurs, sans être trop sensible pour les prêteurs, si le taux à long terme des placements à taux fixe est au moinsde 5 %. De mémoire d’homme les trois % de revenu net sont admissibles pour les riches rentiers. Bien sûr il seraient heureux d’avoir plus, mais comme ils désirent surtout ne rien devoir faire . . .
Mais, me diras-tu, tu n’as pas répondu à ma question dans les cas d’inflation supérieure aux 2 % mais non désastreuse comme celle de l’Allemagne en 1920, 5 ou 6% par exemple. Je vais te faire un aveu, c’est parce que pour être complet, il me faudrait te référer à un cours d’économie détaillé. Et je sais que tu m’aurais envoyé à la gare. Je vais quand même essayer brièvement. N’hésite pas à chahuter si c’est incompréhensible ! C’est ce que j’ai toujours demandé de faire à mes petits enfants. Ils sont très mal vus de leurs professeurs.
Première remarque: en démocratie, le gouvernement, de quelque bord politique qu’il soit a pour devoir, non pas de rechercher sa tranquillité présente et future, mais d’assurer dans les meilleures conditions possible le bonheur, l’épanouissement, la tranquilité et la sécurité des populations. Tu souris ? Poujadiste !
En bref, la réponse à ta question est que quelle que soit l’importance de l’inflation au delà de 2 ou 3 %, la toute grande partie de la population est lésée et finit par s’en rendre compte. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le pacte de stabilité budgétaire interdit à toutes les nations européennes signataires une inflation supérieure de 1,5 % à l’inflation moyenne des trois meilleurs pays en terme d’inflation. Il y a à cela plusieurs motifs. L’inflation est injuste: les classes aisées s’en défendent plus efficacement au niveau de l’épargne, car elles n’hésitent pas à investir dans des produits risqués, actions au lieu de livrets à taux très réduits. Les banques augmentent les taux d’intérêt de leurs prêts, les petites entreprises vont réduire ou retarder leurs emprunts pour investissement par peur des intérêts à payer. Or l’investissement est la condition de survie des PME. La monnaie dont les taux croissent est plus recherchée par les investisseurs et sa valeur va donc augmenter sur les marché financiers, rendant plus difficiles les exportations. Et ces quelques exemples ne sont pas limitatifs. Crois-moi ou achète un cours d’économie politique.
Pas mauvaise ton idée de planter des légumes et d’élever des poules, mais ne compare pas trop ostensiblement ta situation à celle de ceux qui n’ont qu’une terrasse ou un balcon. Cela pourrait leur donner l’idée, dans le cas des révoltes populaires à venir, d’occuper « équitablement » ton terrain spacieux. Et au lieu d’y planter des légumes et d’y mettre des poules, ils n’hésiteront pas à y mettre des cochons en quantité.

Le Kondratiev a-t-il disparu ?

Récemment, je suis tombé sur internet sur un groupe de discussion qui se posait cette question.  J’ai repensé à trois documents anciens. Le premier est un article que j’ai écrit en 1979 pour la revue Intermédiaire. J’y présentais le graphique repris dans le troisième document et son interprétation. Comme l’essentiel est repris dans le troisième article, je ne le détaille pas ici.

Le second document est une interview que j’ai donnée à Martine VANDEN DRIESSCHE journaliste au Soir, le 26 août 1982, pour annoncer la fin très proche de la grande crise dans laquelle l’économie mondiale avait sombré. Le troisième document est un article publié dans l’Echo de la bourse le 7 avril 1986 où j’explique à partir du graphique mis à jour la situation économique des  30 dernières années. Je publie aujourd’hui le graphique mis à jour et l’interprétation que j’en donne.  Curieux de voir ce que vous en penserez. . .

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soir3Le troisième est un article que j’ai publié dans L’ECHO, le 7 avril 1986. Il montre que le nouveau Kondratiev que j’annonçais pour très bientôt en 1982, venait juste de commencer en 1982.

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Nous arrivons ainsi à la question qui est à l’origine de cet article: le Kondratiev a-t-il disparu ? Voici comment il se présente aujourd’hui:

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Sapristi! C’est vrai qu’il ne ressemble plus à rien ! Nous pouvons quand même imaginer que nous sommes au sommet du cycle ou même déjà que nous sommes engagés dans la partie descendante.

Souvenons nous que la descente à partir de 1966 n’était pas évidente dans les chiffres brut et que nous ne l’avons constatée qu’en indexant les chiffres bruts sur le pouvoir d’achat du $. L’inflation atteignait alors 5 à 6 % l’an et est montée dans les 10 même les 15 % au moment de la plus forte descente. Que constatons-nous aujourd’hui. L’inflation est pratiquement nulle théoriquement. Et l’on parle même de déflation.  Nous savons bien tous cependant que note pouvoir d’achat décroît régulièrement, et par période fortement.

Trois phénomènes y participent: les pouvoirs publics trafiquent l’indice du coût de la vie en retirant de l’indice des catégories qui s’enflamment. Les pouvoirs publics se gardent bien de faire figurer dans l’indice les impôts qu’ils prélèvent et qui sont de plus en plus lourds. Comme l’inflation est ainsi soi-disant contrôlée, les pouvoirs publics maintiennent ainsi artificiellement bas les taux d’emprunt et de placement.

Les E-U jouent un rôle essentiel dans cette gigantesque tricherie. Pour que leur économie ne s’effondre pas, la Federal Reserve a injecté en quatre ans 85 milliards de $ par mois dans l’économie américaine. Soit quatre trillions de $. Le PIB américain atteint un montant de l’ordre 16 trillions de $. C’est donc le quart du PIB qui a été injecté. Et où est-il allé ?

Faute de clients, les entreprises n’investissaient plus dans des moyens de production. Pendant ce temps, les particuliers, inquiets pour leur avenir ont épargné. Ces trillions se sont retrouvés à Walstreet. Pourquoi ? Parce qu’en même temps les taux d’intérêt tombaient près de 0 % à long terme. Jamais l’épargne n’a été aussi élevée. Jamais son rendement n’a été aussi faible. TINA disent les financiers: there is no alternative !

Je pense que, sans ces manoeuvres artificielles, le cycle de Kondratiev que je mesure par la bourse, aurait déjà entamé sa descente à long terme. Cela peut encore durer quelques temps, car les USA sont les  « coiners of the world », mais je crains que le retour de manivelle soit pire que tout ce qu’on a appelé « crise » depuis cinq ans. La »crise des subprimes », la « crise de l’immobilier », les « crises des dettes souveraines » et les crisettes politiques internationnales ne sont sans doute que  de fades exemples de la crise que va provoquer l’inévitable reflux de ce tsunami de quatre trillions de $ investi actuellement, faute de mieux, à Walstreet.