Méditation sur le Notre Père.

 

1.                Notre père qui es aux cieux.

St Jean nous apprend que Dieu est amour. Le Père François Varillon précise : Dieu n’est qu’amour.

L’enfant est à cent mètres de moi quand il m’aperçoit. Il pousse un cri de joie. Je mets un genou en terre pour être à son niveau. Il se lance à pleine course sur ses petites jambes ; j’ouvre tout grand les bras et il s’y jette. Je referme les bras en serrant très fort. Nous sommes tous deux heureux.

C’est ainsi que le Père nous aime. Nous, comme des enfants, nous ne comprenons pas toujours pourquoi il nous demande ceci ou cela. Mais, comme des enfants, nous lui faisons confiance, quitte à lui désobéir parfois. Il ne nous en aime pas moins. Il reste heureux de nous ouvrir les bras et nous de savoir qu’il est prêt à le faire.

Le Père nous aime tant qu’il nous a donné par son Fils une prière tout entière consacrée à lui demander notre bonheur.

2.           Que ton nom soit sanctifié.

Que le monde entier sache que tu n’es qu’amour. Que tous bénissent ton nom comme celui qui apporte au monde le bonheur.

3.           Que ton règne vienne.

Que vienne sur terre le règne de l’amour. Que tous apprennent et admettent que l’amour est la loi de la vie, que la vie sur terre pourrait être le paradis dès maintenant, si tout le monde y croyait, que nous pouvons déjà, chacun dans notre petite sphère d’activité, accomplir la demande suivante :

4.           Que ta volonté soit faite.

…sur la terre comme au Ciel.

4.1.       Comme au Ciel.

Pour le Ciel, nous ne savons pas ce qui s’y passe. Mais nous savons que des anges ont refusé la loi de l’amour. La tradition dit qu’ils ont refusé l’homme à l’image de Dieu, qu’ils ont refusé d’être anges gardiens.

Ces anges se sont eux-mêmes exclus de l’amour de Dieu. Convaincus de leur intelligence, ils auraient méprisé l’homme, créature de Dieu. Ils essaient inlassablement de nous entraîner dans leur révolte contre la loi de la Vie. Satan existe, je le rencontre tous les jours dans mon cœur même.

4.2.       Sur la terre.

Là, c’est à nous de jouer et notre responsabilité est écrasante. C’est à nous de montrer que l’amour nous rend joyeux et heureux, qu’il comble nos aspirations les plus vitales, qu’il nous assure un présent et un avenir conforme à notre dignité de fils de Dieu, que lui seul peut nous guider pour créer une société humaine.

C’est également à nous, par nos actes et par notre comportement d’assurer dans la mesure de nos moyens que la volonté de Dieu soit faite sur terre.  La charité, la première des trois vertus théologales, nous impose là une responsabilité effroyable. Dieu a besoin de nous !

Ce qui pourrait nous désespérer, c’est de savoir que nous ne réussirons jamais. Notre foi en la promesse doit nous aider à persévérer.

Sommes-nous jamais plus heureux que quand nous aimons ? L’indifférence peut nous soulager un instant devant une situation qui nous dépasse. La haine peut nous soulager un instant devant une situation qui nous révolte. Mais seul l’amour nous rend vraiment heureux, nous donne une prémonition du Paradis.

Que ta volonté soit faite est souvent considéré comme une promesse de soumission à une volonté omnipotente. Comme cette interprétation est loin de la vérité ! En demandant que ta volonté soit faite, nous demandons à Dieu notre bonheur, rien d’autre. Et c’est lui qui nous demande de le faire, car il ne veut que notre bonheur, sur terre déjà, au Ciel ensuite.

5.           Donne-nous aujourd’hui.

5.1.       Notre pain quotidien.

Dieu a créé l’homme avec un certain nombre de besoins. Pour être heureux de vivre, il doit les avoir satisfaits. Le tout premier besoin (demandez-le aux deux milliards de terriens qui ont faim tout le temps et qui en meurent) est de se nourrir. Le Père lui-même nous engage à lui demander de satisfaire ce besoin élémentaire.

5.2.       Nos besoins légitimes.

Nous qui sommes repus, pouvons-nous étendre notre demande à d’autres besoins que nous estimons légitimes ? Chacun de nous doit répondre à cette question dans le secret de son cœur.

Un divorcé peut-il demander à Dieu le bonheur avec son nouveau conjoint ? Qui sommes-nous pour en juger ? Nous sommes en tous cas invités par le Père à les aimer tous deux. Dieu nous invite à aimer le pécheur et à détester le péché. Pas toujours facile de faire la différence.

Nos demandes seront jugées à l’aune de l’amour qu’elles recèlent.

6.           Pardonne-nous.

Cela paraît simple comme bonjour : Père, j’ai porté offense à l’amour, pardonne-moi. Nos petits enfants aussi viennent demander pardon… et nous craquons, tant nous les aimons. Quel bonheur pour nous et pour eux. Le pardon n’est-il pas une des plus belles conséquences de l’amour ? Comment pourrions-nous résister à ces petits qui font amende honorable ? Mais il y a un hic :

7.           Comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés.

Si nous aimons notre prochain, comment pourrions-nous être heureux sans lui pardonner ses offenses ? Nous avons tant à nous faire pardonner par lui ! Sommes-nous plus heureux en ressassant nos rancœurs ?

La médecine à découvert depuis près de quarante ans qu’une des premières causes de maladie est psychosomatique. La rancœur est le ferment idéal des maladies cardiaques et nerveuses, ainsi que des maladies de la peau !

Plus sérieusement encore, posons-nous la question : ne sommes-nous pas plus heureux après avoir pardonné qu’avant ?

Ceci n’implique nullement l’approbation du mal. Nous pouvons haïr le mal, nous devons seulement aimer le pécheur.

8.           Et ne nous soumets pas…

Quelles contorsions pour refuser ce texte ! Depuis plus de 1.800 ans, les catholiques disent et ne nos inducas et, depuis quelques années, des personnes dont je ne doute pas de la bonne volonté en ont honte, au nom de l’intelligence du cœur.

8.1.       Dieu m’a créé pécheur.

Pour des raisons que je ne suis certainement pas assez intelligent pour comprendre complètement, Dieu m’a créé pécheur. Dans son épître aux romains, Saint-Paul écrit textuellement : Dieu en effet a enfermé tous les hommes dans la désobéissance, pour faire miséricorde à tous les hommes. C’est l’inévitable conséquence du péché originel. En me créant pécheur, Dieu me soumet à la tentation.

L’évangile selon St Mathieu raconte textuellement: En ce temps-là, Jésus fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le diable.

Si l’Esprit conduit Jésus à la tentation, c’est comme homme qu’il l’y conduit, comme deuxième personne de la Trinité, cela n’aurait pas de sens. En quoi est-il inacceptable qu’il en fasse de même pour nous ?

Dieu nous soumet à la tentation dans le sens que je rencontre la tentation parce qu’Il le veut, qu’Il m’a créé tel, que je dois accepter pour mon bonheur de rencontrer la tentation à laquelle Il décide de me soumettre, propre à ma condition d’homme.

On objecte à ce qui précède en citant l’épitre de St Jacques au chapitre 1:

13 Dans l’épreuve de la tentation, que personne ne dise : « Ma tentation vient de Dieu. » Dieu, en effet, ne peut être tenté de faire le mal, et lui-même ne tente personne.

14 Chacun est tenté par sa propre convoitise qui l’entraîne et le séduit.

Effectivement, la tentation ne vient pas de Dieu, mais du Diable, mais Dieu veut que nous la rencontrions. Et nous sommes dûment prévenus par St Paul et St Mathieu, si nous ne demandons pas avec ferveur ne nous conduis pas, il peut nous y conduire. Quel orgueil de se croire plus intelligent que Lui ! Et de vouloir Lui dicter sa conduite ! Notre condition d’hommes, c’est Dieu qui la décide et pas nous.

8.2.       Mais Dieu m’aime à en mourir.

Et ce n’est pas une phrase mélodramatique de roman à l’eau de rose. La preuve…

Il me demande de l’aider à manifester sa miséricorde. Cette tentation à laquelle Il me soumet, Il me supplie de lui demander de l’écarter. Pourquoi ? N’y a-t-il pas là une contradiction dans l’intelligence de Dieu ? Dieu, que j’ai peur de répondre à cette question. Je risque de dire d’énormes bêtises.

Je me lance en demandant pardon d’avance, tant à Dieu pour mon audace, qu’à ceux que je vais scandaliser. Je vous rappelle que Dieu m’aime comme un père. Tout papa sait qu’il doit accepter de faire courir des risques à ses enfants pour les amener à l’âge adulte. Mais si son enfant lui demande de ne pas le soumettre à ce risque, c’est qu’il a compris : le risque est devenu inutile. Il n’est plus besoin de l’y soumettre.

Qu’est-il le plus efficace ? Demander à Dieu de ne pas me soumettre à la tentation, ou Lui demander de ne pas me laisser succomber à la tentation, comme le voudraient les contempteurs de la version actuelle ?

Le plus simple est certainement de ne pas rencontrer la tentation. Et c’est ce que Dieu, qui m’aime à en mourir, me demande de lui demander. Quel orgueil de le refuser au nom de l’intelligence !

9.           Mais délivre-nous du mal.

9.1.       Qu’est le bien ?

Le bien est ce qui assure fondamentalement mon bonheur : l’amour.

9.2.       Qu’est le mal ?

Le mal n’est rien d’autre que le contraire du bien. C’est-à-dire l’indifférence ou la haine.

Je rappelle ce que j’ai écrit ci-dessus : sommes-nous jamais plus heureux que quand nous aimons ? L’indifférence peut nous soulager un instant devant une situation qui nous dépasse. La haine peut nous soulager un instant devant une situation qui nous révolte.

Mais seul l’amour nous rend vraiment heureux, nous donne une prémonition du Paradis.

10.       Amen.

Relisez les neuf invocations précédentes. Par chacune, je demande à Dieu mon bonheur. Je le demande comme un enfant à son père. Je ne comprends pas toujours ce qu’Il me dit de lui demander, mais je sens, je sais qu’Il m’aime. Et j’essaye de Lui donner ma foi avec ferveur.

Comme un petit enfant.

2 réflexions sur « Méditation sur le Notre Père. »

  1. Merci. C est tres beau et tres proche de ce que je ressens. Personnellement je ferai abstraction de « on peut hair le péché ». Je pense que tenter de ne pas y souscrire ou luttet contre est suffisant. Car la haine meme contre une idee ou un principe est toujours une haine et déstabilisante dans notre coeur.

  2. Il me semble que votre dispute du mot haïr vient de ce que vous ne séparez pas totalement le péché du pécheur. Quel mal peut-il y avoir à haïr une idée si on aime celui qui l’émet. Je comprends bien que cela peut être parfois très dûr quand on est la victime et reste alors psychiquement impossible. Ce n’en est pas moins un faiblesse humaine.

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